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écoles[1]. La charité et la chasteté furent par excellence les vertus chrétiennes, celles qui firent le succès de la prédication nouvelle et convertirent le monde entier. Il était commandé de faire du bien à tous ; cependant, les coreligionnaires étaient reconnus dignes d’une préférence[2]. Le goût du travail était tenu pour une vertu. Paul, en bon ouvrier, reprenait énergiquement la paresse et l’oisiveté, et répétait souvent ce naïf proverbe d’homme du peuple : « Que celui qui ne travaille pas ne mange pas[3]. » Le modèle qu’il concevait était un artisan rangé, paisible, appliqué à son travail, goûtant tranquillement et le cœur en repos le pain qu’il a gagné[4]. Que nous sommes loin de l’idéal primitif de l’Église de Jérusalem, toute communiste et cénobitique, ou même de celle d’Antioche, toute préoccupée de prophéties, de dons surnaturels, d’apostolat ! Ici, l’Église est une association de bons ouvriers, gais, contents, ne jalousant pas les riches, parce qu’ils sont plus heureux qu’eux, parce qu’ils savent que Dieu ne juge pas comme les mondains, et préfère l’honnête main calleuse à la main

  1. I Thess., iv, 9-10. Cf. Joann., xiii, 34 ; xv, 12, 17 ; I Jean, iii, 10 ; iv, 12.
  2. Gal., vi, 10.
  3. I Thess., iv, 11 ; II Thess., iii, 10-13.
  4. I Thess., iv, 11 : II Thess., iii, 12.