Nul doute que la correspondance de Paul n’ait été considérable, et que ce qui nous en reste n’en ait constitué qu’une petite partie[1]. La religion des Églises primitives était si détachée de toute matière, si purement idéaliste, qu’on ne songeait pas au prix immense de pareils écrits. La foi était tout ; chacun la portait en son cœur, et se souciait peu de feuilles volantes de papyrus[2], qui d’ailleurs n’étaient pas autographes. Ces épîtres étaient pour la plupart des écrits de circonstance ; personne ne se doutait qu’un jour elles deviendraient des livres sacrés. Ce n’est que vers la fin de la vie de l’apôtre qu’on s’avise de tenir à ses lettres pour elles-mêmes, de se les passer et de les conserver. Chaque Église alors garde précieusement les siennes, les consulte souvent[3], en fait des lectures régulières[4], en laisse
- ↑ II Thess., ii, 2, 14 ; iii, 14, 17 ; I Cor., v, 9 ; xvi, l, 3 ; II Cor., x, 9 et suiv. ; xi, 28 ; Col., iv, 10, 16. La collection, l’édition, si l’on peut s’exprimer ainsi, des lettres de saint Paul ne se fit pas avant l’an 150 ou 160. Papias et saint Justin ne connaissent pas les Épitres de saint Paul.
- ↑ Χάρτης, II Joh., 12. II Tim., iv, 13, ne prouve pas que les épîtres fussent écrites sur parchemin. Le parchemin servait surtout pour les livres.
- ↑ Clém. Romain, Epist. I ad Cor., 47 ; Polycarpe, Ad Phil., 3 ; Ignace, Ad Ephes., 12.
- ↑ Denys de Cor., cité par Eus., H. E., IV, 23.