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très-peuplée[1], riche, brillante, fréquentée par de nombreux étrangers, centre d’un commerce actif, une de ces villes mêlées, enfin, qui n’étaient plus des patries. Le trait dominant qui rendit son nom proverbial était l’extrême corruption de mœurs qui s’y faisait remarquer[2]. En cela encore, elle constituait une exception parmi les cités helléniques. Les vraies mœurs grecques étaient simples et gaies, elles ne pouvaient nullement passer pour luxueuses et débauchées[3]. L’affluence des marins attirés par les deux ports avait fait de Corinthe le dernier sanctuaire du culte de la Vénus Pandémos, reste des anciens établissements phéniciens[4]. Le grand temple de Vénus avait plus de mille courtisanes sacrées ; la ville entière était comme un vaste mauvais lieu, où

  1. Athénée (VI, 103) y compte 460,000 esclaves.
  2. Aristoph., Plutus, v. 149 ; Horace, Ep., I, xvii, 36 ; Juvénal, Sat., viii, 113 ; Maxime de Tyr, Dissert. iii, 10 ; Dion Chrysost., orat. xxxvii, p. 530-531 (Emp.) ; Athénée, VII, 13 ; XIII, 21, 32, 54 ; Cic., De rep., II, 4 ; Alciphron, Epist., III, 60 ; Strabon, VIII, vi, 20-21 ; XII, iii, 36 ; Horace, Sat., I, xvii, 36 ; Eustathe, Ad Iliad., II, v. 570 ; Élien, Hist. var., I, 19 ; Aristide, op. cit., p. 39 ; Hésychius, au mot κορινθιάζειν.
  3. C’est ce qui résulte bien des traités moraux de Plutarque, surtout de Præc. ger. reip., An seni sit ger. resp., Consolatio ad uxorem, Conjugalia præc., Amatorius, De frat. amore.
  4. L’Acrocorinthe a beaucoup de ressemblance avec le mont Éryx en Sicile.