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centre de l’opposition contre le christianisme, le boulevard de la philosophie[1]. Par un rare privilège, elle garda ses temples intacts. Ces monuments prodigieux, conservés à travers les âges grâce à une sorte de respect instinctif, devaient venir jusqu’à nous comme une leçon éternelle de bon sens et d’honnêteté, donnée par des artistes de génie. Aujourd’hui encore, on sent que la couche chrétienne qui recouvre le vieux fond païen est là très-superficielle. À peine a-t-on besoin de modifier les noms actuels des églises d’Athènes pour retrouver les noms des temples antiques[2].

  1. Saint Grégoire de Naz., Orat., xliii, 14, 15, 21, 23, 24 ; Carm., p. 634-636, 1072 (Caillau) ; Synesius, Epist., liv (p. 190, Petau) ; Marinus, Vie de Proclus, 10 ; Malala, XVIII, p. 451 (Bonn).
  2. Aïa Vasili est la Stoa Vasilios ; l’église des douze apôtres, le temple des douze dieux ; Aïa Paraskévi, le Pompéion. Rangabé, dans les Memorie dell’ Instituto di corr. arch., t. II (1865), p. 346 et suiv. ; Aug. Mommsen, Athenæ christianæ, p. 4-5, 50-51, 61, 99, 145. Comme contraste, comparez le Liban, où la destruction du paganisme fut violente et instantanée. Quoique les débris de temples antiques s’y rencontrent à chaque pas, on n’y trouve pas d’exemples de telles superpositions.