Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lettre banale avec une lettre topique et particulière ?

Cela n’est pas tout à fait impossible ; mais cela est peu vraisemblable. On diminuera l’invraisemblance d’une telle conception en supposant que Paul confia ce soin à l’un de ses disciples. Peut-être Timothée, par exemple, aura-t-il pris l’épître aux Colossiens pour l’amplifier et en faire un morceau général susceptible d’être adressé à toutes les Églises d’Asie. Il est difficile de se prononcer là-dessus avec assurance ; car il est supposable aussi que l’épître ait été composée après la mort de Paul, à une époque où l’on se mit à rechercher les écrits apostoliques, et où, vu le petit nombre de ces écrits, on ne se fit pas scrupule d’en fabriquer de nouveaux en imitant, en mêlant ensemble, en copiant et en délayant des écrits tenus antérieurement pour apostoliques. Ainsi la seconde épître dite de Pierre a été fabriquée avec la Ia Petri et avec l’épître de Jude. Il serait possible que l’épître dite aux Éphésiens doive son origine au même procédé[1]. Les ob-

  1. Comp., par exemple, Eph., iv, 2, 32 ; v, 1, à Col, iii, 12-13 ; l’imitation est là de telle nature qu’elle ne peut guère convenir qu’à un copiste servile. Comp. aussi Eph., iv, 11, à I Cor., xii, 28 ; Eph, iii, 8, à I Cor., xv, 9 ; Eph., iii, 9, à I Cor., iv, 1 ; Eph., i, 20, à Rom., viii, 34 ; Eph., iv, 17 et suiv., à Rom., i, 21 et suiv. ; Eph., v, 17, à I Thess., v, 8.