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mollesse qui est souvent l’indice de vues faibles ou intéressées.

Paul et Silas demeuraient chez un certain Jésus, Israélite de race[1], qui, selon l’usage des Juifs, avait grécisé son nom en celui de Jason ; mais ils n’acceptaient rien que le logis. Paul travaillait nuit et jour de son état pour ne rien coûter à l’Église[2]. La riche marchande de pourpre de Philippes et ses consœurs auraient, d’ailleurs, été affligées que d’autres qu’elles fournissent à l’apôtre les choses nécessaires à la vie. À deux reprises, durant son séjour à Thessalonique[3], Paul reçut de Philippes une offrande, qu’il accepta. Cela était tout à fait contre ses principes : sa règle était de se suffire à lui-même sans rien recevoir des Églises ; mais il se serait fait scrupule de refuser ce présent du cœur ; la peine qu’il eût faite aux pieuses femmes l’arrêta. Peut-être, d’ailleurs, comme nous l’avons déjà dit, préférait-il contracter des obligations envers des femmes, qui ne gêneraient jamais son action, qu’envers des hommes comme Jason, à l’égard desquels il voulait conserver son autorité.

  1. Rom., xvi, 21. Sur le sens de συγγένης, voir les Apôtres, p. 108, note 6.
  2. I Thess., ii, 9 ; II Thess., iii, 8 et suiv.
  3. Phil., iv, 16 ; I Thess., ii, 5, 7, 9.