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vue[1], et de l’autre, une épître adressée à l’Église avec laquelle il avait eu les rapports les plus longs et les plus suivis ?

La lecture de l’épître dite aux Éphésiens suffirait donc pour faire soupçonner que le morceau en question n’a pas été adressé à l’Église d’Éphèse. Le témoignage des manuscrits transforme ces soupçons en certitude. Les mots ἐν Ἐφέσῳ, dans le premier verset, ont été introduits vers la fin du ive siècle. Le manuscrit du Vatican et le Codex Sinaiticus, tous deux du ive siècle, et dont l’autorité, au moins quand ils sont d’accord, l’emporte sur celle de tous les autres manuscrits ensemble, n’offrent pas ces mots. Un manuscrit de Vienne, celui qu’on désigne dans les collations des épîtres de Paul par le chiffre 67, du xie ou du xiie siècle, les présente biffés. Saint Basile nous atteste que les anciens manuscrits qu’il a pu consulter n’avaient pas ces mots[2]. Enfin des témoignages du iiie siècle prouvent qu’à cette époque l’existence desdits mots au premier verset était in-

  1. Si l’épître aux Romains a été circulaire (voir ci-dessous, p. lxxii et suiv.), le raisonnement que nous faisons en ce moment n’en est que plus fort.
  2. Contre Eunomius, II, 19. Οὕτω καὶ οἱ πρὸ ἡμῶν παραδεδώκασι καὶ ἡμεῖς ἐν τοῖς παλαιοῖς τῶν ἀντιγράφων εὑρήκαμεν. Ce traité a été écrit l’an 365 à peu près.