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ressemblera un jour à la Suisse ou au sud de l’Allemagne. Ses villages sont des touffes d’arbres gigantesques ; elle a tout ce qu’il faut pour devenir un pays de grande culture et de grande industrie, des plaines vastes, de riches montagnes, des prairies vertes, de larges aspects, bien différents de ces charmants petits dédales du site grec. Triste et grave, le paysan macédonien n’a rien non plus de la vantardise et de la légèreté du paysan hellène. Les femmes, belles et chastes, travaillent aux champs comme les hommes. On dirait un peuple de paysans protestants ; c’est une bonne et forte race, laborieuse, sédentaire, aimant son pays, pleine d’avenir.

Embarqués à Troas, Paul et ses compagnons (Silas, Timothée et probablement Luc) naviguèrent vent arrière, touchèrent le premier soir à Samothrace, et le lendemain abordèrent à Néapolis[1], ville

  1. Aujourd’hui Cavala, échelle maritime importante. Voir Heuzey, Miss, de Macéd., p. 11 et suiv. Cependant, on a quelquefois supposé que la ville antique était située à Lefthéro-Limani ou Eski-Cavala (le vieux Cavala), à 10 kilomètres au S.-O. de Cavala, où il y a un très-bon port. Voir Tafel, De via Egnatia, II, p. 12 et suiv. Il est plus probable que Lefthéro-Limani est l’ancien Daton, qui aura été peu à peu abandonné pour la « nouvelle ville », Néapolis ou Néopolis. Voir Perrot, dans la Revue arch., juillet 1860, p. 45 et suiv. En effet, Lefthéro est loin de la voie Égnatienne et plus éloignée de Philippes que Cavala.