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de la vie de l’apôtre, à une date où sa biographie est bien obscure. Nous montrerons plus tard qu’il est fort admissible que la théologie de saint Paul, qui, depuis les épîtres aux Thessaloniciens jusqu’à l’épître aux Romains, s’est si fort développée, se soit développée aussi dans l’intervalle de l’épître aux Romains à sa mort ; nous montrerons même que les plus énergiques expressions de l’épître aux Colossiens ne font qu’enchérir un peu sur celles des épîtres antérieures[1]. Saint Paul était un de ces hommes qui, par leur nature d’esprit, sont disposés à passer d’un ordre d’idées à un autre, bien que leur style et leur manière de sentir offrent les traits les plus arrêtés. La teinte de gnosticisme qu’on trouve dans l’épître aux Colossiens se rencontre, quoique moins caractérisée, dans d’autres écrits du Nouveau Testament, en particulier dans l’Apocalypse et dans l’épître aux Hébreux[2]. Au lieu de rejeter l’authenticité des passages du Nouveau Testament où l’on trouve des traces de gnosticisme, il faut quelquefois raisonner à l’inverse et chercher dans ces passages l’origine

  1. Ci-dessous, p. 274 et suiv. Voir surtout Rom., ix, 5 ; I Cor., viii, 6 ; II Cor., v, 19.
  2. Apoc., xix, 13 ; Hebr., i, 2 (écrits datés avec la plus grande précision et postérieurs seulement de trois ou quatre ans à la date où Paul aurait écrit l’épître aux Colossiens).