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en contestation pour un certain lieu qui autrefois avait été public, et que ce bon empereur fit adjuger aux chrétiens[1]. On sent qu’on est ici sur le sol natal d’un vieux christianisme populaire. Claude, vers ce temps, frappé du « progrès des superstitions étrangères », avait cru faire un acte de bonne politique conservatrice en rétablissant les aruspices. Dans un rapport fait au sénat, il s’était plaint de l’indifférence du temps pour les anciens usages de l’Italie et les bonnes disciplines. Le sénat avait invité les pontifes à voir celles qu’on pourrait rétablir de ces vieilles pratiques. Tout allait bien, par conséquent, et l’on croyait ces respectables impostures sauvées pour l’éternité.

La grosse affaire du moment était l’arrivée d’Agrippine au pouvoir, l’adoption de Néron par Claude et sa fortune toujours croissante. Nul ne pensait au pauvre juif qui prononçait pour la première fois le nom de Christus dans la colonie syrienne, et communiquait la foi qui le rendait heureux à ses compagnons de chambrée. D’autres survinrent bientôt ; des lettres de Syrie, apportées par les nouveaux arrivants,

  1. Lampride, Vie d’Alex. Sév., 49. Rapprochez Anastase le Bibl., Vitæ Pontif. rom., xvii (édit. de Bianchini), en tenant compte des observations de Platner.