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de la Loi, et gagnait souvent la matrone qui lui ouvrait sa main pleine de petite monnaie[1]. Pratiquer le sabbat et les fêtes juives est pour Horace le trait qui classe un homme parmi les esprits faibles, c’est-à-dire dans la foule, unus multorum[2]. La bienveillance universelle, le bonheur de reposer avec les justes, l’assistance du pauvre, la pureté des mœurs, la douceur de la vie de famille, la suave acceptation de la mort considérée comme un sommeil, sont des sentiments qui se retrouvent dans les inscriptions juives avec cet accent particulier d’onction touchante, d’humilité, d’espoir certain, qui caractérise les inscriptions chrétiennes[3]. Il y avait bien des juifs hommes du monde, riches et puissants, tels que ce Tibère Alexandre, qui arriva aux plus grands honneurs de

  1. Juvénal, vi, 542 et suiv.
  2. Hor., Sat., I, ix, 71-72.
  3. Corp. inscr. gr., 9904 et suiv. ; Garrucci, Cimitero, 31 et suiv., 67 et suiv., surtout p. 68 ; Dissert., II, 153 et suiv. Remarquez, en particulier, les belles expressions, φιλοπένης (Garrucci, Dissert., II, 185 ; cf. les Apôtres, p. 320, note 4), φιλόλαος (Corp., no 9904 ; Garrucci, Diss., p. 185 ; cf. II Macch., xv, 14), concresconius, conlaboronius (Garr., Diss., II, p. 160-161). Les formules de l’épigraphie juive et de l’épigraphie chrétienne ont entre elles la plus grande analogie. Il est vrai que la plupart des inscriptions juives que nous venons de citer sont bien postérieures au règne de Claude. Mais l’esprit de la colonie juive de Rome ne dut pas beaucoup changer.