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rondeur, moins d’élan et de naturel ; par moments, il est embarrassé, déclamatoire, surchargé, analogue au style des fausses épîtres à Timothée et à Tite. Les pensées sont à peu près celles qu’on peut attendre de Paul. Cependant, la justification par la foi n’occupe plus la première place dans les préoccupations de l’apôtre ; la théorie des anges est bien plus développée ; les éons commencent à naître[1]. La rédemption du Christ n’est plus seulement un fait terrestre ; elle s’étend à l’univers entier[2]. Certains critiques ont cru pouvoir signaler dans plusieurs passages soit des imitations des autres épîtres[3], soit le désir de concilier la tendance particulière de Paul avec les vues des écoles différentes de la sienne (désir si évident chez l’auteur des Actes), soit le penchant à substituer des formules morales et métaphysiques, telles que l’amour et la science, aux formules sur la foi et les œuvres qui, durant le premier siècle, avaient causé tant de luttes. D’autres critiques, pour expliquer ce mélange singulier de choses convenant à Paul et de choses qui ne lui conviennent guère, ont recours à des interpolations, ou

  1. Col., i, 16-19.
  2. Col., i, 20.
  3. Col., iv, 11, comp. à Gal., iii, 28 ; Col., ii, 5, comp, à I Cor., v, 3.