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péen où ils pourraient prendre leur place, on comprend l’immense importance des questions qui se décidaient au moment où nous sommes. Il s’agissait de savoir si le christianisme serait une religion formaliste, rituelle, une religion d’ablutions, de purifications, de distinctions entre les choses pures et les choses impures, ou bien la religion de l’esprit, le culte idéaliste qui a tué ou tuera peu à peu le matérialisme religieux, toutes les pratiques, toutes les cérémonies. Pour mieux dire, il s’agissait de savoir si le christianisme serait une petite secte ou une religion universelle, si la pensée de Jésus sombrerait par l’incapacité de ses disciples, ou si cette pensée, par sa force première, triompherait des scrupules de quelques esprits étroits et arriérés qui étaient en train de se substituer à elle et de l’oblitérer.

La mission de Paul et de Barnabé avait posé la question avec une telle force, qu’il n’y avait plus moyen de reculer devant une solution. Paul, qui, dans la première période de sa prédication, avait, ce semble, prêché la circoncision[1], la déclarait maintenant inutile. Il avait admis d’emblée des païens dans

  1. Cela semble résulter de II Cor., v, 16 ; Gal., v, 11, en observant la force de ἔτι.