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Galilée ; il vous y précédera, vous l’y verrez[1]. » Peut-être étaient-ce les linceuls blancs qui avaient donné lieu à cette hallucination. Peut-être aussi ne virent-elles rien, et ne commencèrent-elles à parler de leur vision que quand Marie de Magdala eut raconté la sienne. Selon un des textes les plus authentiques, en effet[2], elles gardèrent quelque temps le silence, silence qu’on attribua ensuite à la terreur. Quoi qu’il en soit, ces récits allaient à chaque heure grossissant, et subissaient d’étranges déformations. L’homme blanc devint l’ange de Dieu ; on raconta que son vêtement était éblouissant comme la neige, que sa figure sembla un éclair. D’autres parlaient de deux anges, dont l’un apparut à la tête, l’autre au pied du tombeau[3]. Le soir, peut-être, bien des personnes croyaient déjà que les femmes avaient vu cet ange descendre du ciel, tirer la pierre, et Jésus s’élancer dehors avec fracas[4]. Elles-mêmes variaient sans doute dans leurs

  1. Matth., xxviii, 2 et suiv. ; Marc, xvi, 5 et suiv. ; Luc, xxiv, 4, et suiv., 23. Cette apparition d’anges s’est introduite même dans le récit du quatrième Évangile (xx, 12-13), qu’elle dérange tout à fait, étant appliquée à Marie de Magdala. L’auteur n’a pas voulu abandonner ce trait donné par la tradition.
  2. Marc, xvi, 8.
  3. Luc, xxiv, 4-7 ; Jean, xx, 12-13.
  4. Matth., xxviii, 1 et suiv. Le récit de Matthieu est celui où les circonstances ont été ainsi le plus exagérées. Le tremblement de terre et le rôle des gardiens sont probablement des additions tardives.