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sulte de la libre émission des notes les plus discordantes. Que l’orthodoxie réussisse à tuer la science, nous savons ce qui arrivera ; le monde musulman et l’Espagne meurent pour avoir trop consciencieusement accompli cette tâche. Que le rationalisme veuille gouverner le monde sans égard pour les besoins religieux de l’âme, l’expérience de la Révolution française est là pour nous apprendre les conséquences d’une telle faute. L’instinct de l’art, porté aux plus grandes délicatesses, mais sans honnêteté, fit de l’Italie de la renaissance un coupe-gorge, un mauvais lieu. L’ennui, la sottise, la médiocrité sont la punition de certains pays protestants, où, sous prétexte de bon sens et d’esprit chrétien, on a supprimé l’art et réduit la science à quelque chose de mesquin. Lucrèce et sainte Thérèse, Aristophane et Socrate, Voltaire et François d’Assise, Raphaël et Vincent de Paul ont également raison d’être, et l’humanité serait moindre si un seul des éléments qui la composent lui manquait.


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