Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ces principes est difficile. L’esprit souffle où il veut ; l’esprit, c’est la liberté. Or, il est des personnes rivées en quelque sorte à la foi absolue ; je veux parler des hommes engagés dans les ordres sacrés ou revêtus d’un ministère pastoral. Même alors, une belle âme sait trouver des issues. Un digne prêtre de campagne arrive, par ses études solitaires et par la pureté de sa vie, à voir les impossibilités du dogmatisme littéral ; faut-il qu’il contriste ceux qu’il a consolés jusque-là, qu’il explique aux simples des changements que ceux-ci ne peuvent bien comprendre ? À Dieu ne plaise ! Il n’y a pas deux hommes au monde qui aient juste les mêmes devoirs. Le bon évêque Colenso a fait un acte d’honnêteté comme l’Église n’en a pas vu depuis son origine en écrivant ses doutes dès qu’ils lui sont venus. Mais l’humble prêtre catholique, en un pays d’esprit étroit et timide, doit se taire. Oh ! que de tombes discrètes, autour des églises de village, cachent ainsi de poétiques réserves, d’angéliques silences ? Ceux dont le devoir a été de parler égaleront-ils le mérite de ces secrets connus de Dieu seul ?

La théorie n’est pas la pratique. L’idéal doit rester l’idéal ; il doit craindre de se souiller au contact de la réalité. Des pensées bonnes pour ceux qui sont préservés par leur noblesse de tout danger moral peu-