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admettant qu’un très-grand nombre de ces derniers fussent faux, on pourrait croire que certains seraient vrais. Mais il n’en est pas ainsi. Tous les miracles discutables s’évanouissent. N’est-on pas autorisé à conclure de là que les miracles qui sont éloignés de nous par des siècles, et sur lesquels il n’y a pas moyen d’établir de débat contradictoire, sont aussi sans réalité ? En d’autres termes, il n’y a de miracle que quand on y croit ; ce qui fait le surnaturel, c’est la foi. Le catholicisme, qui prétend que la force miraculeuse n’est pas encore éteinte dans son sein, subit lui-même l’influence de cette loi. Les miracles qu’il prétend faire ne se passent pas dans les endroits où il faudrait. Quand on a un moyen si simple de se prouver, pourquoi ne pas s’en servir au grand jour ? Un miracle à Paris, devant des savants compétents, mettrait fin à tant de doutes ! Mais, hélas ! voilà ce qui n’arrive jamais. Jamais il ne s’est passé de miracle devant le public qu’il faudrait convertir, je veux dire devant des incrédules. La condition du miracle, c’est la crédulité du témoin. Aucun miracle ne s’est produit devant ceux qui auraient pu le discuter et le critiquer. Il n’y a pas à cela une seule exception. Cicéron l’a dit avec son bon sens et sa finesse ordinaires : « Depuis quand cette force secrète a-t-elle disparu ? Ne serait-ce pas depuis