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enfantin, aux contours vagues et mous, aux couleurs absolues et tranchées, qu’offre toujours la légende, le devoir du critique n’est pas de s’en tenir au texte ; son devoir est de tâcher de découvrir ce que le texte peut receler de vrai, sans jamais se croire assuré de l’avoir trouvé. Défendre à la critique de pareilles interprétations serait aussi peu raisonnable que si l’on commandait à l’astronome de ne s’occuper que de l’état apparent du ciel. L’astronomie, au contraire, ne consiste-t-elle pas à redresser la parallaxe causée par la position de l’observateur et à construire un état réel véritable d’après un état apparent trompeur ?

Comment, d’ailleurs, prétendre qu’on doit suivre à la lettre des documents où se trouvent des impossibilités ? Les douze premiers chapitres des Actes sont un tissu de miracles. Or, une règle absolue de la critique, c’est de ne pas donner place dans les récits historiques à des circonstances miraculeuses. Cela n’est pas la conséquence d’un système métaphysique. C’est tout simplement un fait d’observation. On n’a jamais constaté de faits de ce genre. Tous les faits prétendus miraculeux qu’on peut étudier de près se résolvent en illusion ou en imposture. Si un seul miracle était prouvé, on ne pourrait rejeter en bloc tous ceux des anciennes histoires ; car, après tout, en