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induire de précieuses vérités. Traduire purement et simplement ces récits, ce n’est pas faire de l’histoire. Ces récits, en effet, sont souvent contredits par d’autres textes plus autorisés. Par conséquent, même dans les cas où nous n’avons qu’un seul texte, on est toujours fondé à craindre que, s’il y en avait d’autres, la contradiction n’existât. Pour la vie de Jésus, le récit de Luc est sans cesse contrôlé et rectifié par les deux autres Évangiles synoptiques et par le quatrième. N’est-il pas probable, je le répète, que, si nous avions pour les Actes l’analogue des Évangiles synoptiques et du quatrième Évangile, les Actes seraient mis en défaut sur une foule de points où nous n’avons maintenant que leur témoignage ? De tout autres règles nous guideront dans notre livre troisième, où nous serons en pleine histoire positive, et où nous aurons entre les mains des renseignements originaux et parfois autobiographiques. Quand saint Paul nous donne lui-même le récit de quelque épisode de sa vie qu’il n’avait pas d’intérêt à présenter sous tel ou tel jour, il est clair que nous n’avons qu’à insérer mot à mot dans notre récit ses paroles mêmes, selon la méthode de Tillemont. Mais, quand nous avons affaire à un narrateur préoccupé d’un système, écrivant pour faire prévaloir certaines idées, ayant ce mode de rédaction