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tianisme[1] l’anathématise et le poursuit de ses calomnies.

C’est dans notre livre troisième que nous aurons à traiter avec détail la question de fond engagée dans ces curieux incidents. Nous avons voulu seulement donner ici quelques exemples de la manière dont l’auteur des Actes entend l’histoire, de son système de conciliation, de ses idées préconçues. Faut-il conclure de là que les premiers chapitres des Actes sont dénués d’autorité, comme le pensent des critiques célèbres, que la fiction y va jusqu’à créer de toutes pièces des personnages, tels que l’eunuque de la candace, le centurion Corneille, et même le diacre Étienne et la pieuse Tabitha ? Je ne le crois nullement. Il est probable que l’auteur des Actes n’a pas inventé de personnages[2] ; mais c’est un avocat habile qui écrit pour prouver, et qui tâche de tirer parti des faits dont il a entendu parler pour démontrer ses thèses favorites, qui sont la légitimité de la vocation des gentils et l’institution divine de la hiérarchie. Un tel document demande à être employé avec de grandes précautions ; mais le repousser absolument est aussi

  1. Les ébionites surtout. Voir les Homélies pseudo-clémentines ; Irenée, Adv. hær., I, xxvi, 2 ; Épiphane, Adv. hær., hær. xxx ; Saint Jérôme, In Matth., xii, init.
  2. Je sacrifierais cependant volontiers Ananie et Saphire.