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idoles. Paul, au contraire, est d’avis qu’on peut très-bien manger de ces viandes si cela ne scandalise personne, mais qu’il faut s’en abstenir dans le cas où cela ferait du scandale[1]. En 58, enfin, lors du dernier voyage de Paul à Jérusalem, Jacques est plus obstiné que jamais[2]. Un des traits caractéristiques des Actes, trait qui prouve bien que l’auteur se propose moins de présenter la vérité historique et même de satisfaire la logique que d’édifier des lecteurs pieux, est cette circonstance que la question de l’admission des incirconcis y est toujours résolue sans l’être jamais. Elle l’est d’abord par le baptême de l’eunuque de la candace, puis par le baptême du centurion Corneille, tous deux miraculeusement ordonnés, puis par la fondation de l’Église d’Antioche (xi, 19 et suiv.), puis par le prétendu concile de Jérusalem, ce qui n’empêche pas qu’aux dernières pages du livre (xxi, 20-21) la question est encore en suspens. À vrai dire, elle resta toujours en cet état. Les deux fractions du christianisme naissant ne se fondirent jamais. Seulement, l’une d’elles, celle qui garda les pratiques du judaïsme, resta inféconde et s’éteignit obscurément. Paul fut si loin d’être accepté de tous, qu’après sa mort une portion du chris-

  1. I Cor., viii, 4, 9 ; x, 25-29.
  2. Act., xxi, 20 et suiv.