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des merveilles qu’ils disent avoir vues et touchées. Il y a déjà toute une littérature pour montrer l’accord du mormonisme et de la science ; ce qui vaut mieux, cette religion, fondée sur de niaises impostures, a su accomplir des prodiges de patience et d’abnégation ; dans cinq cents ans, des docteurs prouveront sa divinité par les merveilles de son établissement. Le bâbisme, en Perse, a été un phénomène autrement considérable[1]. Un homme doux et sans aucune prétention, une sorte de Spinoza modeste et pieux, s’est vu, presque malgré lui, élevé au rang de thaumaturge, d’incarnation divine, et est devenu le chef d’une secte nombreuse, ardente et fanatique, qui a failli amener une révolution comparable à celle de l’islam. Des milliers de martyrs sont accourus pour lui avec allégresse au-devant de la mort. Un jour sans pareil peut-être dans l’histoire du monde fut celui de la grande boucherie qui se fit des bâbis à Téhéran. « On vit ce jour-là dans les rues et les bazars de Téhéran, dit un narrateur qui a

  1. Voir l’histoire des origines du bâbisme, racontée par M. de Gobineau, les Relig. et les Philos. dans l’Asie centrale (Paris, 1865), p. 141 et suiv. ; et par Mirza Kazem-beg, dans le Journal asiatique [sous presse]. Moi-même, à Constantinople, j’ai pu recueillir, de deux personnes qui ont été mêlées de près à l’histoire du bâbisme, des renseignements qui confirment le récit de ces deux savants.