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funérailles imaginaires[1] ». Le pauvre homme mettait par mois un sou au tronc commun pour se procurer après sa mort une petite urne dans un columbarium, avec une plaque de marbre où son nom fût gravé. La sépulture chez les Romains, étant intimement liée aux sacra gentilitia ou rites de famille, avait une extrême importance. Les personnes enterrées ensemble contractaient une sorte de fraternité intime et de parenté[2].

Voilà pourquoi le christianisme se présenta longtemps à Rome comme une sorte de collegium funèbre et pourquoi les premiers sanctuaires chrétiens furent les tombeaux des martyrs[3]. Si le christianisme n’eût été que cela, il n’eût pas provoqué tant de rigueurs ; mais il était bien autre chose encore ; il avait des caisses communes[4] ; il se vantait d’être une cité complète ; il se croyait assuré d’avoir l’avenir. Quand on entre le samedi soir dans l’enceinte d’une

  1. Inscription de Lanuvium, 2e col., lignes 3-5.
  2. Cicéron, De offic., I, 17 ; Schol. Bobb. ad Cic., Pro Archia, x, 1. Comp. Plutarque, De frat. amore, 7 ; Digeste, XLVII, xii, de Coll. et Corp., 4. Dans une inscription de Rome, le fondateur d’une sépulture stipule que tous ceux qui y seront déposés devront être de sa religion, ad religionem pertinentes meam (de Rossi, Bullettino di archeol. crist., 3e année, no 7, p. 54).
  3. Tertullien, Ad Scapulam, 3; de Rossi, op. cit., 3e année, no 12.
  4. S. Justin. Apol. I, 67 ; Tertullien, Apolog., 39.