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devait traiter d’aucune affaire relative au collège, afin que rien ne troublât le quart d’heure de joie et de repos que ces pauvres gens se ménageaient[1]. Tout acte de turbulence et toute parole désagréable étaient punis d’une amende[2].

À s’en tenir aux apparences, ces collèges n’étaient que des associations d’enterrement mutuel[3]. Mais cela seul eut suffi pour leur donner un caractère moral. À l’époque romaine, comme de notre temps et à toutes les époques où la religion est affaiblie, la piété des tombeaux était presque la seule que le peuple gardât. On aimait à songer qu’on ne serait pas jeté aux horribles fosses communes[4], que le collège pourvoirait à vos funérailles, que les confrères qui seraient venus à pied au bûcher recevraient un petit honoraire[5] de vingt centimes[6]. Les esclaves, en particulier, avaient besoin de croire que, si leur maître faisait jeter leur corps à la voirie, il y aurait quelques amis pour leur faire « des

  1. Inscription de Lanuvium, 2e col., lignes 24-25.
  2. Ibid., 2e col., lignes 26-29. Cf. Corpus inscr. gr., no 126.
  3. Orelli, Inscr. lat., nos 2399, 2400, 2405, 4093, 4103 ; Mommsen, De coll. et sod. Rom., p. 97 ; Heuzey, endroit cité. Comparez encore aujourd’hui les petits cimetières de confréries à Rome.
  4. Hor., Sat., I, viii, 8 suiv.
  5. Funeraticium.
  6. Inscription de Lanuvium, 1re col., lignes 24, 25, 32.