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pauvre, qui se produisaient principalement sous le couvert du judaïsme et du christianisme. Ces deux grandes protestations étaient loin d’être d’accord ; le parti philosophique et le parti chrétien ne se connaissaient pas, et ils avaient si peu conscience de la communauté de leurs efforts, que le parti philosophique, étant arrivé au pouvoir par l’avènement de Nerva, fut loin d’être favorable au christianisme. À vrai dire, le dessein des chrétiens était bien plus radical. Les stoïciens, maîtres de l’Empire, le réformèrent et présidèrent aux cent plus belles années de l’histoire de l’humanité. Les chrétiens, maîtres de l’Empire à partir de Constantin, achevèrent de le ruiner. L’héroïsme des uns ne doit pas faire oublier celui des autres. Le christianisme, si injuste pour les vertus païennes, prit à tâche de déprécier ceux qui avaient combattu les mêmes ennemis que lui. Il y eut dans la résistance de la philosophie, au premier siècle, autant de grandeur que dans celle du christianisme ; mais que la récompense de part et d’autre a été inégale ! Le martyr qui renversa du pied les idoles a sa légende ; pourquoi Annsaeus Cornutus, qui déclara devant Néron que les livres de celui-ci ne vaudraient jamais ceux de Chrysippe[1] ; pourquoi Helvidius Pris-

    d’Apollonius, 1. VII, entier ; Eusèbe, Chron., ad ann. Chr. 90.).

  1. Dion Cassius, LXII, 29.