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tiques qui affectaient le plus de soutenir le culte de l’État s’en raillaient par de forts jolis mots[1]. On énonçait ouvertement le système immoral que les fables religieuses ne sont bonnes que pour le peuple, et doivent être maintenues pour lui[2]. Précaution fort inutile ; car la foi du peuple était elle-même profondément ébranlée[3].

À partir de l’avènement de Tibère, il est vrai, une réaction religieuse est sensible. Il semble que le monde s’effraye de l’incrédulité avouée des temps de César et d’Auguste ; on prélude à la malencontreuse tentative de Julien ; toutes les superstitions se voient réhabilitées par raison d’État[4]. Valère Maxime donne le premier exemple d’un écrivain de bas étage se fai-

    deorum, II, 24, 28 ; De divinat., II, 33. 35, 57 ; De haruspicum responsis, presque entier ; Tuscul., I, 16 ; Juvénal, Sat. ii, 149-152 ; Sénèque, Epist., xxiv, 17.

  1. « Sua cuique civitati religio est, nostra nobis. » Cic., Pro Flacco, 28.
  2. Cic., De nat. deorum, I, 30, 42 ; De divinat., II, 12, 33, 35, 72 ; De harusp. resp., 6, etc. ; Tite-Live, I, 19 ; Quinte-Curce, IV, 10 ; Plutarque, De plac. phil., I, vii, 2 ; Diod. Sic, I, ii, 2 ; Varron, dans saint Aug., De civit. Dei, IV, 31, 32 ; VI, 6 ; Denys d’Halic., II, 20 ; VIII, 5 ; Valère Maxime, I, ii.
  3. Cic., De divinat., II, 15 ; Juvénal, ii, 149 et suiv.
  4. Tac., Ann., XI, 15 : Pline. Epist., X, 97, sub fin. Étudier le personnage de Sérapion dans Plutarque, De Pythiæ oraculis. Comp. De EI apud Delphos, init. Voir surtout Valère Maxime, livre I, tout entier.