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sociale des premières navigations phéniciennes dans la Méditerranée, mais devenu avec le temps un outrage à ce qu’on envisageait de plus en plus comme l’essence de la religion ?

De toutes parts, en effet, se manifestait avec énergie le besoin d’une religion monothéiste, donnant pour base à la morale des prescriptions divines. Il vient ainsi une époque où les religions naturalistes, réduites à de purs enfantillages, à des simagrées de sorciers, ne peuvent plus suffire aux sociétés, où l’humanité veut une religion morale, philosophique. Le bouddhisme, le zoroastrisme, répondirent à ce besoin dans l’Inde, dans la Perse. L’orphisme, les mystères, avaient tenté la même chose dans le monde grec, sans réussir d’une manière durable. À l’époque où nous sommes, le problème se posait pour l’ensemble du monde avec une sorte d’unanimité solennelle et d’impérieuse grandeur.

La Grèce, il est vrai, faisait une exception à cet égard. L’hellénisme était beaucoup moins usé que les autres religions de l’Empire. Plutarque, dans sa petite ville de Béotie, vécut de l’hellénisme, tranquille, heureux, content comme un enfant, avec la conscience religieuse la plus calme. Chez lui, pas une trace de crise, de déchirement, d’inquiétude, de révolution imminente. Mais il n’y avait que l’esprit