Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/403

Cette page a été validée par deux contributeurs.

naissances positives, les écoliers des Grecs. Trop souvent même, c’était la plus médiocre science grecque que l’on copiait médiocrement[1]. La ville de Rome n’eut jamais de grande école scientifique. Le charlatanisme y régnait presque sans contrôle. Enfin, la littérature latine, qui certainement eut des parties admirables, fleurit peu de temps et ne sortit pas du monde occidental[2].

La Grèce, heureusement, restait fidèle à son génie. Le prodigieux éclat de la puissance romaine l’avait éblouie, interdite, mais non anéantie. Dans cinquante ans, elle aura reconquis le monde, elle sera de nouveau la maîtresse de tous ceux qui pensent, elle s’assiéra sur le trône avec les Antonins. Mais, maintenant, la Grèce elle-même est à une de ses heures de lassitude. Le génie y est rare ; la science originale, inférieure à ce qu’elle avait été aux siècles précédents et à ce qu’elle sera au siècle suivant. L’école d’Alexandrie, en décadence depuis près de deux siècles, qui, cependant, à l’époque de César, possédait encore Sosigène, est muette maintenant.

De la mort d’Auguste à l’avènement de Trajan, il faut donc placer une période d’abaissement momentané pour l’esprit humain. Le monde antique était loin

  1. Manilius, Hygin, traductions d’Aratus.
  2. Cicéron, Pro Archia, 10.