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lossales de l’aristocratie, le luxe, les grandes agglomérations d’hommes sur certains points, et par-dessus tout la dureté de cœur particulière aux Romains, leur aversion pour la pitié[1], avaient fait naître le « paupérisme ». Les complaisances de certains empereurs pour la canaille de Rome n’avaient fait qu’aggraver le mal. La sportule, les tesseræ frumentariæ, encourageaient le vice et l’oisiveté, mais ne portaient aucun remède à la misère. Ici, comme en beaucoup d’autres choses, l’Orient avait sur le monde occidental une réelle supériorité. Les Juifs possédaient de vraies institutions charitables. Les temples d’Égypte paraissent avoir eu quelquefois une caisse des pauvres[2]. Le collège de reclus et de recluses du Sérapéum de Memphis[3] était aussi, en quelque manière, un établissement de charité. La crise terrible que traversait l’humanité dans la capitale de l’Empire se faisait peu sentir dans les pays éloignés, où la vie était restée plus simple. Le reproche d’avoir empoisonné la terre, l’assimilation de Rome à une courtisane qui a versé

  1. Cicéron, Tusculanes, IV, 7, 8 ; Sénèque, De clem., II, 5, 6.
  2. Papyrus du Louvre, n°37. col. 1, ligne 21, dans les Notices et extraits, t. XVIII, 2e part., p. 298.
  3. V. ci-dessus, p. 79.