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impossibilités[1]. Les Actes, en un mot, sont une histoire dogmatique, arrangée pour appuyer les doctrines orthodoxes du temps ou inculquer les idées qui souriaient le plus à la piété de l’auteur. Ajoutons qu’il ne pouvait en être autrement. On ne connaît l’origine de chaque religion que par les récits des croyants. Il n’y a que le sceptique qui écrive l’histoire ad narrandum.

Ce ne sont pas là de simples soupçons, des conjectures d’une critique défiante à l’excès. Ce sont de solides inductions : toutes les fois qu’il nous est permis de contrôler le récit des Actes, nous le trouvons fautif et systématique. Le contrôle, en effet, que nous ne pouvons demander à des textes synoptiques, nous pouvons le demander aux épîtres de saint Paul, surtout à l’épître aux Galates. Il est clair que, dans les cas où les Actes et les épîtres sont en désaccord, la préférence doit toujours être donnée aux épîtres, textes d’une authenticité absolue, plus anciens, d’une sincérité complète, sans légendes. En

  1. Dans un discours que l’auteur prête à Gamaliel, en une circonstance qui est de l’an 36 à peu près, il est question de Theudas, dont l’entreprise est expressément déclarée antérieure à celle de Juda le Gaulonite (Act., v, 36-37). Or, la révolte de Theudas est de l’an 44 (Jos., Ant., XX, v, 1), et en tout cas bien postérieure à celle du Gaulonite (Jos., Ant., XVIII, i, 1 ; B. J., II, viii, 1).