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presque le moment où se bâtissaient ces temples énormes d’Esneh, d’Ombos, où l’espérance d’avoir dans le petit Césarion un dernier roi Ptolémée, un Messie national, faisait sortir de terre ces sanctuaires de Dendérah, d’Hermonthis, comparables aux plus beaux ouvrages pharaoniques. Le christianisme s’assit partout sur les ruines du sentiment national et des cultes locaux. La dégradation des âmes en Égypte y rendait rares, d’ailleurs, les aspirations qui ouvrirent partout au christianisme de si faciles accès.

Un rapide éclair partant de Syrie, illuminant presque simultanément les trois grandes péninsules d’Asie Mineure, de Grèce, d’Italie, et bientôt suivi d’un second reflet qui embrassa presque toutes les côtes de la Méditerranée, voilà ce que fut la première apparition du christianisme. La marche des navires apostoliques est toujours à peu près la même. La prédication chrétienne semble suivre un sillage antérieur, qui n’est autre que celui de l’émigration juive. Comme une contagion qui, prenant son point de départ au fond de la Méditerranée, apparaît tout à coup sur un certain nombre de points du littoral par une correspondance secrète, le christianisme eut ses ports d’arrivage en quelque sorte désignés d’avance. Ces ports étaient presque tous marqués par des colonies juives. Une synagogue précéda,