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tous consacrés aux missions de saint Paul. Cette seconde partie elle-même renferme deux sortes de récits : d’une part, ceux où le narrateur se donne pour témoin oculaire ; de l’autre, ceux où il ne fait que rapporter ce qu’on lui a dit. Il est clair que, même dans ce dernier cas, son autorité est grande. Souvent, ce sont les conversations de Paul qui ont fourni les renseignements. Vers la fin surtout, le récit prend un caractère étonnant de précision. Les dernières pages des Actes sont les seules pages complètement historiques que nous ayons sur les origines chrétiennes. Les premières, au contraire, sont les plus attaquables de tout le Nouveau Testament. C’est surtout pour ces premières années que l’auteur obéit à des partis pris semblables à ceux qui l’ont préoccupé dans la composition de son Évangile, et plus décevants encore. Son système des quarante jours, son récit de l’ascension, fermant par une sorte d’enlèvement final et de solennité théâtrale la vie fantastique de Jésus, sa façon de raconter la descente du Saint-Esprit et les prédications miraculeuses, sa manière d’entendre le don des langues, si différente de celle de saint Paul[1], décèlent les préoccupations d’une époque relativement basse, où la

  1. I. Cor., xii-xiv. Comp. Marc, xvi, 17, et même Act., ii, 4, 13 ; x, 46 ; xi, 15 ; xix, 6.