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désigner un imposteur de profession, un adversaire de la vérité, qu’on voulait indiquer avec mystère[1]. Ce fut le premier ennemi du christianisme, ou plutôt le premier personnage que le christianisme traita comme tel. C’est dire assez qu’on n’épargna ni les fraudes pieuses ni les calomnies pour le diffamer[2]. La critique, en pareil cas, ne saurait tenter une réhabilitation ; les documents contradictoires lui manquent. Tout ce qu’elle peut, c’est de constater la physionomie des traditions et le parti pris de dénigrement qu’on y remarque.

Au moins doit-elle s’interdire de charger la mémoire du théurge samaritain d’un rapprochement qui peut n’être que fortuit. Dans un récit de l’historien Josèphe, un magicien juif, nommé Simon, né à Chypre, joue pour le procurateur Félix le rôle de proxénète[3]. Les circonstances de ce récit ne conviennent pas assez bien à Simon de Gitton pour qu’il soit

  1. Ainsi, dans la littérature pseudo-clémentine, le nom de Simon le Magicien désigne par moments l’apôtre Paul, à qui l’auteur en veut beaucoup.
  2. Il faut remarquer que, dans les Actes, il n’est pas encore traité en ennemi. On lui reproche seulement un sentiment bas, et on laisse croire qu’il se repentit (viii, 24). Peut-être Simon vivait-il encore quand ces lignes furent écrites, et ses rapports avec le christianisme n’étaient-ils pas encore devenus absolument mauvais.
  3. Jos., Ant., XX, vii, I.