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duire parmi les Samaritains jusqu’à leur quasi-destruction par Justinien. Le sort de cette petite religion fut de recevoir le contre-coup de tout ce qui se passait autour d’elle, sans rien produire de tout à fait original.

Quant aux chrétiens, la mémoire de Simon de Gitton fut chez eux en abomination. Ces prestiges, qui ressemblaient si fort aux leurs, les irritaient. Avoir balancé le succès des apôtres fut le plus impardonnable des crimes. On prétendit que les prodiges de Simon et de ses disciples étaient l’ouvrage du diable, et on flétrit le théosophe samaritain du nom de « Magicien[1] », que les fidèles prenaient en très-mauvaise part. Toute la légende chrétienne de Simon fut empreinte d’une colère concentrée. On lui prêta les maximes du quiétisme et les excès qu’on suppose d’ordinaire en être la conséquence[2]. On le considéra comme le père de toute erreur, le premier hérésiarque. On se plut à raconter ses mésaventures risibles, ses défaites par l’apôtre Pierre[3]. On attribua au plus vil motif le mouvement

  1. Act., viii, 9 ; Irénée, Adv. hær., I, xxiii, 1.
  2. Philosophumena, VI, i, 19, 20. L’auteur n’attribue ces doctrines perverses qu’aux disciples de Simon. Mais, si l’école eut vraiment cette physionomie, le maître en dut bien aussi avoir quelque chose.
  3. Nous examinerons plus tard ce que cachent ces récits.