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catéchistes lui ont appris[1] ». Il y avait donc déjà un système d’histoire ecclésiastique convenu, qui s’enseignait officiellement, et dont le cadre, aussi bien que celui de l’histoire évangélique elle-même[2], était probablement déjà fixé. Le caractère dominant des Actes, comme celui du troisième Évangile[3], est une piété tendre, une vive sympathie pour les gentils[4], un esprit conciliant, une préoccupation extrême du surnaturel, l’amour des petits et des humbles, un grand sentiment démocratique ou plutôt la persuasion que le peuple est naturellement chrétien, que ce sont les grands qui l’empêchent de suivre ses bons instincts[5], une idée exaltée du pouvoir de l’Église et de ses chefs, un goût très-remarquable pour la vie en commun[6]. Les procédés de composition sont également les mêmes dans les deux ouvrages, de telle sorte que nous sommes à l’égard de l’histoire des apôtres comme nous serions à l’égard de l’histoire évangélique, si, pour esquisser cette dernière histoire, nous n’avions qu’un seul texte, l’Évangile de Luc.

On sent les désavantages d’une telle situation. La

  1. Luc, i, 4.
  2. Act., i, 22.
  3. Voir Vie de Jésus, p. xxxix et suiv.
  4. Cela est sensible surtout dans l’histoire du centurion Corneille.
  5. Act., ii, 47 ; iv, 33 ; v, 13, 26. Cf. Luc, xxiv, 19-20.
  6. Act., ii, 44-45 ; iv, 34 et suiv. ; v, 1 et suiv.