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de révélations immédiates[1]. C’est apparemment à Antioche[2] qu’il eut cette grande extase qu’il raconte en ces termes : « Je connais un homme en Christ, qui, il y a quatorze ans (la chose se passait-elle corporellement ou en dehors du corps ? je l’ignore. Dieu le sait), fut ravi jusqu’au troisième ciel[3]. Et je sais que cet homme (Dieu pourrait dire si ce fut en corps ou sans corps) a été ravi dans le paradis[4], où il a entendu des paroles ineffables, qu’il n’est pas permis à un mortel de dire[5]. » En général, sobre et pratique, Paul partageait cependant les idées de son temps sur le surnaturel. Il croyait faire des miracles[6], comme tout le monde ; il était impossible que les dons du Saint-Esprit, qui passaient pour être de droit commun dans l’Église[7], lui fussent refusés.

  1. II Cor., xii, 1-5.
  2. Il place en effet cette vision quatorze ans avant l’année où il écrivait la deuxième aux Corinthiens, laquelle est de l’an 57 à peu près. Il n’est pas impossible cependant qu’il fût encore à Tarse.
  3. Pour les idées juives sur les cieux superposés, voir Testam. des 12 patr., Levi, 3 ; Ascension d’Isaie, vi, 13 ; vii, 8 et toute la suite du livre ; Talm. de Babyl., Chagiga, 12 b ; Midraschim, Bereschith rabba, sect. xix, fol. 19 c ; Schemoth rabba, sect. xv, fol. 115 d ; Bammidbar rabba, sect. xiii, fol. 218 a ; Debarim rabba, sect. ii, fol. 253 a ; Schir hasschirim rabba, fol. 24 d.
  4. Comparez Talmud de Babyl., Chagiga, 14 b.
  5. Comparez Ascension d’Isaïe, vi, 15 ; vii, 3 et suiv.
  6. II Cor., xii, 12 ; Rom., xv, 19.
  7. I Cor., xii entier.