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Durant une année entière, Barnabé et Paul furent unis dans cette active collaboration[1]. Ce fut une des années les plus brillantes, et sans doute la plus heureuse de la vie de Paul. La féconde originalité de ces deux grands hommes éleva l’Église d’Antioche à une hauteur qu’aucune Église n’avait atteinte jusque-là. La capitale de la Syrie était un des points du monde où il y avait le plus d’éveil. Les questions religieuses et sociales, à l’époque romaine comme de notre temps, se faisaient jour principalement dans les grandes agglomérations d’hommes. Une sorte de réaction contre l’immoralité générale, qui plus tard fera d’Antioche la patrie des stylites et des solitaires[2], était déjà sensible. La bonne doctrine trouvait ainsi dans cette ville les meilleures conditions de succès qu’elle eût encore rencontrées.

Une circonstance capitale prouve, du reste, que la secte eut pour la première fois à Antioche pleine conscience d’elle-même. Ce fut dans cette ville qu’elle reçut un nom distinct. Jusque-là, les adhérents s’étaient appelés entre eux « les croyants »,

  1. Act., xi, 26.
  2. Libanius. Pro templis, p. 164 et suiv. ; De carcere vinctis, p. 458 ; Theodoret, Hist. eccl., IV, 28 ; Jean Chrysost., Homil. lxxii in Matth., 3 (t. VII. p. 705 ; In Epist. ad Ephes. hom. vi, 4 (t. XI, p. 44) ; In I Tim. hom. xiv, 3 et suiv. (ibid. p. 628 et suiv.) ; Nicéphore, XII, 44 ; Glycas, p. 257 (éd. Paris).