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loi que tout étranger qui s’établirait dans la ville en deviendrait citoyen, Antioche, au bout de trois siècles et demi d’existence, se trouva un des points du monde où la race était le plus mêlée. L’avilissement des âmes y était effroyable. Le propre de ces foyers de putréfaction morale, c’est d’amener toutes les races au même niveau. L’ignominie de certaines villes levantines, dominées par l’esprit d’intrigue, livrées tout entières aux basses et subtiles pensées, peut à peine nous donner une idée du degré de corruption où arriva l’espèce humaine à Antioche. C’était un ramas inouï de bateleurs, de charlatans, de mimes[1], de magiciens, de thaumaturges, de sorciers[2], de prêtres imposteurs ; une ville de courses, de jeux, de danses, de processions, de fêtes, de bacchanales ; un luxe effréné, toutes les folies de l’Orient, les superstitions les plus malsaines, le fanatisme de l’orgie[3].

  1. Juvénal, Sat., iii, 62 et suiv. ; Stace, Silves, I, vi, 72.
  2. Tacite, Ann., II, 69.
  3. Malala, p. 284, 287 et suiv. ; Libanius, De angariis, p. 555 et suiv. ; De carcere vinctis, p. 455 et suiv. ; Ad Timocratem, p. 385 ; Antioch., p. 323 ; Philostr., Vie d’Apoll., I, 16 ; Lucien, De saltatione, 76 ; Diod. Sic, fragm. I. XXXIV, no 34 (p. 538, éd. Dindorf) ; Jean Chrys., Homil. vii in Matth., 5 (t. VII, p. 113) ; lxxiii in Matth., 3 (ibid., p. 712) ; De consubst. contra Anom., 1 (t. I, p. 501) ; De Anna, 1 (t. IV, p. 730) ; De Dav. et Saüle, iii, 1 (t. IV, 768-770) ; Julien, Misopogon, p. 343, 350, édit. Spanheim ; Actes de sainte Thècle, attribués