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stituaient une religion bien vieillie et à peine plus sérieuse que les Métamorphoses d’Ovide. Les anciennes religions du pays, en particulier celle du mont Casius[1], y ajoutaient un peu de gravité. Mais la légèreté syrienne, le charlatanisme babylonien, toutes les impostures de l’Asie, se confondant à cette limite des deux mondes, avaient fait d’Antioche la capitale du mensonge, la sentine de toutes les infamies.

A côté de la population grecque, en effet, laquelle ne fut nulle part en Orient (si l’on excepte Alexandrie) aussi dense qu’ici, Antioche compta toujours dans son sein un nombre considérable d’indigènes syriens, parlant syriaque[2]. Ces indigènes constituaient une basse classe, habitant les faubourgs de la grande cité et les villages populeux qui formaient autour d’elle une vaste banlieue[3], Charandama, Ghisira, Gandigura, Apate (noms pour la plupart syriaques)[4]. Les mariages entre ces Syriens et les Grecs étant ordinaires, Séleucus d’ailleurs ayant établi par une

  1. Voir Malala, p. 199 : Spartien, Vie d’Adrien, 14 ; Julien, Misopogon, p. 361-362 ; Ammien Marcellin, XXII, 14 ; Eckhel, Doct. num. vet., pars 1a III, p. 326 ; Guigniaut, Religions de l’ant., planches, no 268.
  2. Jean Chrysostome, Ad pop. Antioch. homil. xix, 1 (t. II, p. 189) ; De sanctis martyr., 1 (t. II, p. 651).
  3. Libanius, Antioch., p. 348.
  4. Act. SS. Maii, V, p. 383, 409, 414, 415, 416 ; Assemani, Bib. Or., II, 323.