Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/289

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tions d’utilité publique[1] ; elle avait aussi, ce que peu de villes syriennes possédaient, des chefs-d’œuvre d’art grec, d’admirables statues[2], des œuvres classiques d’une délicatesse que le siècle ne savait plus imiter. Antioche, dès sa fondation, avait été une ville tout hellénique. Les Macédoniens d’Antigone et de Séleucus avaient porté dans cette région du bas Oronte leurs souvenirs les plus vivants, les cultes, les noms de leur pays[3]. La mythologie grecque s’y était créé comme une seconde patrie ; on avait la prétention de montrer dans le pays une foule de « lieux saints » se rattachant à cette mythologie. La ville était pleine du culte d’Apollon et des nymphes. Daphné, lieu enchanteur à deux petites heures de la ville, rappelait aux conquérants les plus riantes fictions. C’était une sorte de plagiat, de contrefaçon des mythes de la mère patrie, analogue à ces transports hardis par lesquels les tribus primitives faisaient voyager avec elles leur géographie mythique, leur Bérécynthe, leur Arvanda, leur Ida, leur Olympe. Ces fables grecques con-

  1. Libanius, Antioch., 342, 344.
  2. Pausanias, VI, ii, 7 ; Malala, p. 201 ; Visconti, Mus. Pio-Clem, t. III, 46. Voir surtout les médailles d’Antioche.
  3. Piérie, Bottia, Pénée, Tempé, Castalie, jeux olympiques, Iopolis (qu’on rattachait à Io). La ville prétendait devoir sa célébrité à Inachus, à Oreste, à Daphné, à Triptolème.