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son sens propre. Quoiqu’il fût attentif à recueillir les paroles du maître[1], il est clair que ce n’était ici qu’un disciple de seconde main. Si Paul eût rencontré Jésus vivant, on peut douter qu’il se fût attaché à lui. Sa doctrine sera la sienne, non celle de Jésus ; les révélations dont il est si fier sont le fruit de son cerveau.

Ces idées, qu’il n’osait communiquer encore, lui rendaient le séjour de Jérusalem désagréable. Au bout de quinze jours, il prit congé de Pierre et partit. Il avait vu si peu de monde qu’il osait dire que personne dans les Églises de Judée ne connaissait son visage et ne savait quelque chose de lui autrement que par ouï-dire[2]. Plus tard, il attribua ce brusque départ à une révélation. Il racontait qu’un jour, priant dans le temple, il eut une extase, qu’il vit Jésus en personne, et reçut de lui l’ordre de quitter au plus vite Jérusalem. « parce qu’on n’y était pas disposé à recevoir son témoignage ». En échange de ces endurcis, Jésus lui aurait promis l’apostolat de nations lointaines et un auditoire plus docile à sa voix[3]. Quant à ceux qui voulurent effacer les traces des nombreux

  1. On en trouve le sentiment plus ou moins direct : Rom., xii, 14 ; I Cor., xiii, 2 ; II Cor., iii, 6 ; I Thess., iv, 8 ; v, 2, 6.
  2. Gal., i, 22-23.
  3. Act., xxii, 17-21.