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Pierre, cependant, s’était éveillé en lui[1]. Il reconnaissait son autorité et le désignait, comme tout le monde, du nom de Képha « la pierre ». Il se rendit donc à Jérusalem, faisant en sens contraire la route qu’il avait parcourue trois ans auparavant en des dispositions si différentes.

Sa position à Jérusalem fut extrêmement fausse et embarrassée. On y avait bien entendu dire que le persécuteur était devenu le plus zélé des évangélistes et le premier défenseur de la foi qu’il avait voulu détruire[2]. Mais il restait contre lui de grandes préventions. Plusieurs craignaient de sa part quelque horrible machination. On l’avait vu si enragé, si cruel, si ardent à pénétrer dans les maisons, à déchirer le secret des familles pour chercher des victimes, qu’on le croyait capable de jouer une odieuse comédie pour mieux perdre ceux qu’il haïssait[3]. Il demeurait, ce semble, dans la maison de Pierre[4]. Plusieurs des disciples restaient sourds à ses avances et se retiraient de lui[5]. Un homme de cœur et de volonté, Barnabé, joua à ce moment un rôle décisif. En qua-

  1. Gal., i, 18.
  2. Ibid., i, 23.
  3. Act., ix, 26.
  4. Gal., i, 18.
  5. Act., ix, 26.