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Celui qui devait, dix ou onze ans plus tard, donner à ce débat une portée si décisive, Paul, ne s’y mêlait pas encore. Il était dans le Hauran ou à Damas, prêchant, réfutant les Juifs, mettant au service de la foi nouvelle autant d’ardeur qu’il en avait montré pour la combattre. Le fanatisme, dont il avait été l’instrument, ne tarda pas à le poursuivre à son tour. Les Juifs résolurent de le perdre. Ils obtinrent de l’ethnarque qui gouvernait Damas au nom de Hâreth, un ordre de l’arrêter. Paul se cacha. On sut qu’il devait sortir de la ville ; l’ethnarque, qui voulait plaire aux Juifs, plaça des escouades aux portes pour se saisir de sa personne ; mais les frères le firent échapper de nuit en le descendant, au moyen d’un panier, par la fenêtre d’une maison qui surplombait le rempart[1].

Échappé à ce danger, Paul dirigea ses yeux vers Jérusalem. Il y avait trois ans[2] qu’il était chrétien, et il n’avait pas encore vu les apôtres. Son caractère roide, peu liant, porté à s’isoler, lui avait d’abord fait tourner le dos en quelque sorte à la grande famille dans laquelle il venait d’entrer malgré lui, et préférer pour son premier apostolat un pays nouveau, où il ne devait trouver aucun collègue. Le désir de voir

  1. II Cor., ii, 32-33 ; Act., ix, 23-25.
  2. Gal., i, 18.