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nuque éthiopien, à titre de fait exceptionnel, justifié par une révélation et un ordre exprès de Dieu. L’affaire était loin d’être décidée. Ce fut la première controverse dans le sein de l’Église ; le paradis de la paix intérieure avait duré six ou sept ans.

Dès l’an 40 à peu près, la grande question d’où dépendait l’avenir du christianisme paraît ainsi avoir été posée. Pierre et Philippe, avec beaucoup de justesse, entrevirent la vraie solution et baptisèrent des païens. Sans doute, dans les deux récits que l’auteur des Actes nous donne à ce sujet, et qui sont en partie calqués l’un sur l’autre, il est difficile de méconnaître un système. L’auteur des Actes appartient à un parti de conciliation, favorable à l’introduction des païens dans l’Église, et qui ne veut pas avouer la violence des divisions que l’affaire a soulevées. On sent parfaitement qu’en écrivant les épisodes de l’eunuque, du centurion, et même de la conversion des Samaritains, cet auteur ne veut pas seulement raconter, qu’il cherche surtout des précédents à une opinion. Mais nous ne pouvons admettre, d’un autre côté, qu’il invente les faits qu’il raconte. Les conversions de l’eunuque de la candace et du centurion Cornélius sont probablement des faits réels, présentés et transformés selon les besoins de la thèse en vue de laquelle le livre des Actes a été composé.