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cette grande affaire avait été marquée par un ordre du Ciel. On raconta qu’à la suite de longues prières, Cornélius avait vu un ange qui lui avait ordonné d’aller quérir Pierre à Joppé ; que la vision symbolique de Pierre eut lieu à l’heure même où arrivèrent les messagers de Cornélius ; que d’ailleurs Dieu s’était chargé de légitimer tout ce qui avait été fait, puisque, l’Esprit-Saint étant descendu sur Cornélius et sur les gens de sa maison, ceux-ci avaient parlé les langues et psalmodié à la façon des autres fidèles. Était-il naturel de refuser le baptême à des personnes qui avaient reçu le Saint-Esprit ?

L’Église de Jérusalem était encore exclusivement composée de Juifs et de prosélytes. Le Saint-Esprit se répandant sur des incirconcis, antérieurement au baptême, parut un fait très-extraordinaire. Il est probable que dès lors existait un parti opposé en principe à l’admission des gentils, et que tout le monde n’accepta pas les explications de Pierre. L’auteur des Actes[1] veut que l’approbation ait été unanime. Mais, dans quelques années, nous verrons la question renaître avec bien plus de vivacité[2]. On accepta peut-être le fait du bon centurion, comme celui de l’eu-

  1. Act., xi, 18.
  2. Ibid., xv, 1 et suiv.