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n’était pas un prosélyte à un degré quelconque ; c’était un païen pieux, un Israélite de cœur, rien de plus[1]. Toute sa maison et quelques soldats de sa centurie étaient, dit-on, dans les mêmes dispositions[2]. Cornélius demanda à entrer dans l’Église nouvelle. Pierre, dont la nature était ouverte et bienveillante, le lui accorda, et le centurion fut baptisé[3].

Peut-être Pierre ne vit-il d’abord à cela aucune difficulté ; mais, à son retour à Jérusalem, on lui en fit de grands reproches. Il avait violé ouvertement la Loi, il était entré chez des incirconcis et avait mangé avec eux. La question était capitale, en effet ; il s’agissait de savoir si la Loi était abolie, s’il était permis de la violer par prosélytisme, si les gentils pouvaient être reçus de plain-pied dans l’Église. Pierre, pour se défendre, raconta sa vision de Joppé. Plus tard, le fait du centurion servit d’argument dans la grande question du baptême des incirconcis. Pour lui donner plus de force, on supposa que chaque phase de

  1. Comparez Luc, vii, 2 et suiv. Luc se complaît, il est vrai, dans cette idée de centurions vertueux et juifs par l’âme sans la circoncision (voir l’Introd., p. xxii). Mais l’exemple d’Izate (Jos., Ant., XX, ii, 5) prouve que de telles situations étaient possibles. Comp., Jos., B. J., II, xxviii, 2 ; Orelli, Inscr., no 2523.
  2. Act., x, 2, 7.
  3. Ceci paraît, il est vrai, en contradiction avec Gal., ii, 7-9. Mais la conduite de Pierre en ce qui concerne l’admission des gentils fut toujours très-peu consistante. Gal., ii, 12.