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De Lydda, il se rendit à Joppé[1], ville qui paraît avoir été un centre pour le christianisme. Des villes d’ouvriers, de marins, de pauvres gens, où les Juifs orthodoxes ne dominaient pas[2], étaient celles où la secte trouvait les meilleures dispositions. Pierre fit un long séjour à Joppé, chez un tanneur nommé Simon, qui demeurait près de la mer[3]. L’industrie du cuir était un métier presque impur ; on ne devait pas fréquenter ceux qui l’exerçaient, si bien que les corroyeurs étaient réduits à demeurer dans des quartiers à part[4]. Pierre, en choisissant un tel hôte, donnait une marque de son indifférence pour les préjugés juifs, et travaillait à cet ennoblissement des petits métiers qui est, pour une bonne part, l’ouvrage de l’esprit chrétien.

L’organisation des œuvres de charité surtout se poursuivait activement. L’Église de Joppé possédait une femme admirable nommée en araméen Tabitha (gazelle), et en grec Dorcas[5], qui consacrait tous ses

  1. 1. Jaffa.
  2. Jos., Ant., XIV, x, 6.
  3. Act., ix, 43 ; x, 6, 17, 32.
  4. Mischna, Ketuboth, vii, 10.
  5. Comp. Gruter, p. 891, 4 ; Reinesius, Inscript., XIV, 61 ; Mommsen, Inscr. regni Neap., 622, 2034, 3092, 4985 ; Pape, Wört. der griech. Eigenn., à ce mot. Cf. Jos., B. J., IV, iii, 6.