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il est au courant des idées du monde païen[1], et il écrit le grec d’une façon assez correcte. L’ouvrage a été composé loin de la Judée, pour des gens qui en savaient mal la géographie[2], qui ne se souciaient ni d’une science rabbinique très-solide, ni des noms hébreux[3]. L’idée dominante de l’auteur est que, si le peuple avait été libre de suivre son penchant, il eût embrassé la foi de Jésus, et que c’est l’aristocratie juive qui l’en a empêché[4]. Le mot de Juif est toujours pris chez lui en mauvaise part et comme synonyme d’ennemi des chrétiens[5]. Au contraire, il se montre très-favorable aux hérétiques samaritains[6].

A quelle époque peut-on rapporter la composition

    de la lecture des écrits composés par ses coreligionnaires de Palestine, qu’il copie souvent textuellement. Ses citations de l’Ancien Testament sont faites sans aucune connaissance du texte original (par exemple, xv, 16 et suiv.).

  1. Act., xvii, 22 et suiv.
  2. Luc, i, 26 ; iv, 31 ; xxiv, 13. Comp. ci-dessous, page 18, note.
  3. Luc, i, 31, comparé à Matth., i, 21. Le nom de Jeanne, que Luc seul connaît, est bien suspect. Il ne semble pas que Jean eût alors de correspondant féminin. Cependant voyez Talm. de Bab., Sota, 22 a.
  4. Act., ii, 47 ; iv, 33 ; v, 13, 26.
  5. Act., ix, 22, 23 ; xii, 3, 11 ; xiii, 45, 50 et une foule d’autres passages. Il en est de même pour le quatrième Évangile, parce que, lui aussi, fut rédigé hors de la Syrie.
  6. Luc, x, 33 et suiv. ; xvii, 16 ; Act., viii, 5 et suiv. De même dans le quatrième Évangile : Jean, iv, 5 et suiv. Opposez Matth., x, 5-6.