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mains de ces bonnes gens, renfermé dans un conventicule d’illuminés menant la vie commune, il se fut éteint comme l’essénisme sans presque laisser de souvenir. C’est l’indocile Paul qui fera sa fortune, et qui, au risque de tous les périls, le mènera hardiment en haute mer. À côté du fidèle obéissant, recevant sa foi sans mot dire de son supérieur, il y aura le chrétien dégagé de toute autorité, qui ne croira que par conviction personnelle. Le protestantisme existe déjà, cinq ans après la mort de Jésus ; saint Paul en est l’illustre fondateur. Jésus n’avait sans doute pas prévu de tels disciples ; ce sont eux peut-être qui contribueront le plus à faire vivre son œuvre, et lui assureront l’éternité.

Les natures violentes et portées au prosélytisme ne changent jamais que l’objet de leur passion. Aussi ardent pour la foi nouvelle qu’il l’avait été pour l’ancienne, saint Paul, comme Omar, passa en un jour du rôle de persécuteur au rôle d’apôtre. Il ne revint pas à Jérusalem[1], ou sa position auprès des Douze aurait eu quelque chose de délicat. Il resta à Damas et dans le Hauran[2], et, pendant trois ans (38-41), y prêcha que Jésus était fils de Dieu[3]. Hérode

  1. Gal., i, 17.
  2. Ἀραϐία est « la province d’Arabie », ayant pour partie principale l’Auranitide (Hauran).
  3. Gal., i, 17 et suiv. ; Act., i, 19 et suiv. ; xxvi, 20. L’auteur