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seul[1]. Il n’est pas invraisemblable cependant qu’un orage[2] ait éclaté tout à coup. Les flancs de l’Hermon sont le point de formation de tonnerres dont rien n’égale la violence. Les âmes les plus froides ne traversent pas sans émotion ces effroyables pluies de feu. Il faut se rappeler que, pour toute l’antiquité, les accidents de ce genre étaient des révélations divines, qu’avec les idées qu’on se faisait alors de la Providence, rien n’était fortuit, que chaque homme avait l’habitude de rapporter à lui les phénomènes naturels qui se passaient autour de lui. Pour les Juifs, en particulier, le tonnerre était toujours la voix de Dieu ; l’éclair, le feu de Dieu. Paul était sous le coup de la plus vive excitation. Il était naturel qu’il prêtât à la voix de l’orage ce qu’il avait dans son propre cœur. Qu’un délire fiévreux, amené par un coup de soleil ou une ophthalmie, se soit tout à coup emparé de lui ; qu’un

  1. La circonstance que les compagnons de Paul voient et entendent comme lui peut fort bien être légendaire, d’autant plus que les récits sont, sur ce point, en contradiction expresse. Comp. Act., ix, 7 ; xxii, 9 ; xxvi, 13. L’hypothèse d’une chute de cheval est repoussée par l’ensemble des récits. Quant à l’opinion qui rejette toute la narration des Actes en se fondant sur ἐν ἐμοί, de Gal., i, 16, elle est exagérée. Ἐν ἐμοί, dans ce passage, a le sens de « pour moi », « à mon sujet ». Comp. Gal., i, 24. Paul eut sûrement, à un moment précis, une vision qui détermina sa conversion.
  2. Act., ix, 3, 7 ; xxii, 6, 9, 11 ; xxvi, 13.